Présentation du Yoga

"Ecoute de soi d'accord mais quand j'écoute ... le silence se fait ... alors, c'est un peu inquiétant le silence ... mais est-ce vraiment silencieux en moi?"

D'abord écouter "sa" respiration. Dans la forme de Yoga que je propose _ le Viniyoga_ le souffle conduit la cadence des enchaînements de postures, fluides et lents. Même si les premières années, c'est souvent l'enseignant qui impulse une cadence, ensuite, le souffle décide du rythme à la place du pratiquant, ce qui repose beaucoup. Ici, pas de compétence savante à acquérir. On reste simple. Au cours d'une séance, on alterne les phases de conduite de son souffle et les phases de respiration spontanée. Tenir...lâcher... tenir... lâcher... etc...

Outre l'écoute des consignes orales précises pour apprendre la posture correctement, chacun va peu à peu découvrir sa propre façon d'interpréter les attitudes, sans modèle, et à partir de sa propre forme de corps, de son état de santé du moment. Chacun entre dans la posture de façon unique à chaque fois.

Tantôt posture de déploiement, d'ouverture au monde, l'instant d'après, contre-posture de rassemblement de soi "en boule", replié, puis posture de détermination ou de vigueur, suivie d'une posture de relâchement, etc.... Ainsi, au cours d'une séance s'alterne une vingtaine de séquences pour réapprendre une palette d'attitudes archétypales qui font sens. Dans la vie, ne devons-nous pas tour à tour être souple ou ferme, et comme un comédien, passer très vite du rire aux larmes? Sommes-nous suffisamment plastiques?

Au départ, le pratiquant ne sait pas trop comment toutes ces étranges attitudes vont pouvoir vaincre ses raideurs et résistances, et paraît-il, le transformer. Alors on avance à petit pas, on explore une sensibilité qui a besoin de s'affiner, un meilleur discernement entre l'espace en soi et l'espace autour de soi. On dé-fusionne la confusion. On oublie un peu le groupe, le bruissement du monde. Le déploiement de soi prend tout son temps, il a ses lenteurs, comme toute gestation, complètement à contre-courant de la frénésie ambiante. On ne peut pas retrouver une durable unité en soi en une séance. Le Yoga ne vend pas du rêve.

Le Yoga n'est surtout pas un formatage de plus, un filtre mais plutôt un "dé-formatage". Il permet de se prendre en flagrant délit de ses petites routines usantes, de ses conditionnements dépassés, des non-soi. En donnant le réflexe de "s'observer en faisant", dans l'orbe protectrice de la salle confortable, du groupe bienveillant et de l'enseignant expérimenté, il permet à la personne de redonner sens à ses actes, ou d'invalider ses rejets, ses attirances, ses certitudes, ses croyances superflues, ses convictions chevillées. Nul besoin ici de "changer sa vie" mais d'apprendre à l'observer en continuant de poser des actes, d'en soupeser les conséquences, puis d'ajuster, et continuer d'avancer... Et "ça se fait".

Quelle école apprend cela si ce n'est la vie elle-même? Le Yoga est "école de la vie", une exploration fondamentale. S’exercer à bien vivre, être soi, comme en danse, ou en musique, requière un entraînement assidu et long mais les fruits sont donnés à mesure et dès le départ on en reçoit !

Viennent avec le temps une meilleure conscience du rôle de l’ardeur dans la réalisation de ses propres projets, un sens de la responsabilité plus affermi, un meilleur centrage, une concentration rajeunie, l'envie "d'être avec" plutôt que "contre", de faire équipe, d’œuvrer à l'harmonie sociale et de faire alliance avec les forces de la Nature. Tout cela amène à vivre sa vie comme une belle méditation en guise d'initiation.

Et, lorsque tout cela est en place et s’est vécu naturellement pendant toute la période de vie active de l’existence (ce qui est déjà un vaste projet !), le Yoga dessine alors d’autres perspectives pour la fin de l’existence : un retrait en douceur de l’activité pour aller vers des états supérieurs d’éveil de la conscience. Je laisse aux Sages indiens le soin de guider ces dernières étapes qu’ils connaissent bien.